Nihel est une petite fille de 10 ans. Comme tous les enfants de son âge, elle va à l’école. Elle est scolarisée dans ma classe de CM2 à Lizy-sur-Ourcq en Seine-et-Marne.
Mais depuis le 6 décembre, Nihel n’est plus tout à fait comme les autres : elle ne peut plus rien avaler. Lorsqu’elle arrive dans la cour, ses camarades se précipitent vers elle. Aux récréations, elle est très entourée, les enfants des autres classes attendent sa sortie, l’embrassent, lui remettent des petits cadeaux.
Elle trouve tous les matins des petits mots sur sa table, je cite :
«Tu resteras toujours dans nos cœurs.»
«Nous t’aimons et nous savons ce que tu vis.»
«La société est injuste, comme au 18ème siècle.»
«La loi est injuste.»
«J’ai honte.»
Le dernier en date était accompagné d’un dessin : des enfants en larmes, des cœurs brisés et une flèche «moi», ils regardent un avion, à travers le hublot «toi».
Moi, je trouve sur mon bureau : «Maîtresse, je ne veux pas partir. Vous me manquerez trop.»
Le 6 décembre, le tribunal administratif de Melun a rendu son verdict et confirmé le refus de régularisation de Mme Ben Taleb, la maman de Nihel et de ses trois frères et sœurs nés en France mais pour l'instant encore de nationalité tunisienne. Ils doivent quitter le territoire.
Mme Ben Taleb est en France depuis dix ans, arrivée régulièrement pour suivre des études. Pour elle, la vie de ses enfants est en France. D’ailleurs, elle ne leur a jamais appris l’arabe.
Au tribunal, on devinait l'objectif : atteindre le quota. Avec Mme Ben Taleb, c’est rentable : 5 de plus !!!
Sauf que derrière les chiffres, il y une famille traumatisée, des enfants chassés du seul pays où ils ont jamais vécu.
Je ne peux que reprendre le sentiment exprimé sur un des petits mots donnés à Nihel : «J’ai honte !»
Mme Ben Taleb attend maintenant la notification écrite de la décision du 6 décembre.
Sans doute fera-t-elle appel auprès du Conseil d’Etat puis si c’est nécessaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Le comité de soutien de Lizy-sur-Ourcq sera à ses côtés dans son combat pour que les prochains Noëls de Nihel et de ses frères et sœurs soient des Noëls de petits écoliers français comme les autres.
• Patricia Esnault (enseignante à Lizy-sur-Ourcq)•
moi,chez moi on est tous bretons depuis des siécles ,les français nous ont interdit de parler breton tout en nous forçant a parler anglais tous ça pour méttre des arabes chez nous en pensant qu'on ne comprendrait rien a ce qui se disait .c'était astucieux ...mais ça prend plus.