1 – Qui a décidé d’instaurer la gratuité dans les écoles ?
C’est la communauté de communes Le Bourget-Drancy, qui a décidé d’instaurer la gratuité de la restauration scolaire. Les élus de la communauté de communes ont voulu que le premier acte de leur regroupement soit directement profitable aux habitants de nos deux villes. Ainsi, depuis le 8 janvier 2007 tous les élèves de Drancy et du Bourget, soit plus de 3.300 enfants, ont droit à un repas quotidien et équilibré. Comme quoi l’intercommunalité ce n’est pas qu’un concept abstrait mais une démarche très concrète au service des populations.
2- A qui s’adresse cette initiative ?
Aux enfants des écoles primaires publiques de Drancy et du Bourget. Ils étaient 2 400 à déjeuner à l’école jusqu’au 8 janvier 2007, ils sont aujourd’hui plus de 3 500. Selon les directeurs d’écoles "les enfants qui ne mangeaient pas le midi ont aujourd’hui un vrai repas équilibré". Il est clair, en effet, qu’il faut participer à la lutte contre la malnutrition mais aussi à une démarche de santé publique visant à inculquer aux enfants une hygiène alimentaire et les milieux défavorisés sont plus exposés que les autres au développement de l’obésité infantile et aux déficiences découlant des carences alimentaires.
3 - Pourquoi avez vous décidé d’offrir le repas dans ces cantines ?
L’école est obligatoire à partir du CP jusqu’à 16 ans. La cantine est en théorie facultative mais pour 85% des parents, elle est obligatoire car ils travaillent. Les autres ont du mal à vivre. Dans ce cadre, le niveau scolaire qui relève de la responsabilité des communes, c’est celui de l’école élémentaire. Voilà pourquoi les deux villes ont pris cette décision. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai déposé une proposition de Loi à l’Assemblée Nationale afin que soit généralisée cette mesure dans notre pays pendant toute la durée de la scolarité obligatoire.
4 – Comment le financez vous ?
La gratuité de la restauration scolaire représente un effort financier de 1,1 million d’Euros/an. L’Etat a attribué à notre nouvelle communauté de communes une dotation de fonctionnement particulière, que les élus ont donc décidé de consacrer en partie à cette opération. Ainsi, il n’y a pas lieu de se tourner vers les impôts locaux pour trouver les recettes nécessaires au financement de la gratuité de la restauration scolaire.
5- Combien de temps le maintiendrez vous ?
Il n’y a pas lieu de revenir sur cette décision qui a montré ses effets, extrêmement bénéfiques pour les enfants des deux villes, sauf si l’Etat nous supprimait ces dotations.
6 – Ne pensez vous pas que cela favorise l’assistanat ou le déresponsabilisation des parents ?
C’est tout le contraire. Il existait auparavant un système de quotients familiaux qui ne concernaient réellement que 5 à 6 % des familles. Jugez vous même : une mère seule avec un enfant qui dispose d’un revenu mensuel de 1307 € et acquitte un loyer de 635 € n’a pas le droit à l’APL et déboursait 3,34 € par repas (soit 66,80 € par mois) pour la cantine. Autre exemple : un couple avec deux enfants dont les revenus sont de 1200 € et 1400 €, propriétaire avec 950 € de crédit mensuels ne touche pas d’APL et devait assumer un prix de repas de 3,54 € soit 141,60 € par mois pour deux enfants. On peut affirmer qu’il s’agit sûrement d’un coup de pouce aux familles qui n’ont que les minimas sociaux et dont les enfants devaient, pour certains, se passer de déjeuner. Mais pour le plus grand nombre, c’est une bouffée d’oxygène dans le budget des familles à revenus modestes mais qui ne bénéficiaient pour autant d’aucune aide. Je le répète pour la majorité des parents la cantine est obligatoire. Est ce qu’on fait payer l’école ? Non. Est ce que cela déresponsabilise les parent ? Cela ne relève pas de l’assistanat, on a des parents responsables qui inscrivent leurs enfants pour qu’ils déjeunent le midi à l’école et la prestation offerte par la Ville est en tous points la même en qualité et en quantité que ce qui était proposé avant la mise en œuvre de la gratuité.
7 – Quel type de population habite dans votre ville ?
On sait qu’en Seine-Saint-Denis, 38 % des foyers fiscaux déclaraient un revenu annuel de moins de 9000 € (le seuil de pauvreté est de 7740 €). Et Drancy, comme le Bourget, n’échappent pas à cette réalité sociale. On ne peut donc pas dire que nos villes soient peuplées de millionnaires auxquels serait consenti un cadeau scandaleux avec cette gratuité. C’est véritablement un soutien municipal à toutes les jeunes familles, notamment celles qui paient des impôts, assument toutes leurs charges et ne perçoivent aucune aide de la collectivité, un plus dans leur pouvoir d’achat en quelque sorte. Et 70 % des parents d’élèves de nos villes correspondent à cette situation.
8 – Comment cela a t-il été accueilli dans les familles, les écoles ?
Cette mesure de gratuité a été très favorablement accueillie par les familles et les directeurs d’école. Ces derniers ont vu des enfants venir déjeuner à leur faim alors qu’auparavant il leur semblait évident qu’ils se passaient d’un repas. Bien sûr, il a fallu gérer l’afflux suscité par cette décision : en trois jours on a compté 900 enfants supplémentaires, ce qui suppose une réactivité au niveau du nombre de repas servis, du personnel qui assure la surveillance ou le service et du matériel qu’il a fallu compléter en urgence. Il a fallu que se mette en place un système de service en continu, c’est-à-dire un changement d’habitude pour les enfants qui rentraient classe par classe et maintenant rentrent deux par deux, dès que des places se libèrent.
9 – Quels résultats avez vous obtenu ?
Le nombre d’enfants accueilli désormais justifie à lui seul notre décision. Et puis en ces temps où tout le monde parle de redonner du pouvoir d’achat aux familles, il ne suffit pas de le revendiquer et les élus locaux doivent s’impliquer pour le mettre en pratique. C’est trop facile de ponctionner toujours plus d’impôts et de réclamer à grands cris plus de pouvoir d’achat. Je dis à ces élus, voilà une mesure simple qui remplit vraiment cet objectif et lutte contre la malnutrition infantile, deux buts hautement prioritaires, me semble t-il.
Je vois que d’autres villes en Seine-Saint-Denis et ailleurs s’intéressent beaucoup à cette mesure et j’espère qu’elles vont s’engager dans cette voie. Quand j’ai déposé ma proposition de loi sur la généralisation de cette mesure et son financement par la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP), je n’ai pas vu ces députés qui disent se battre pour le pouvoir d’achat des familles venir soutenir mon initiative.
Pour ma part, j’encourage tous les élus, proches de leurs concitoyens à suivre notre exemple par des actes concrets à leur service : la gratuité de la restauration scolaire répond totalement à cette exigence !